Quelques œuvres de la littérature africaine

Encore aujourd’hui, on connaît peu la littérature africaine, comme si elle n’existait pas où qu’elle ne valait pas le coup d’être lue. C’est souvent le cas concernant tous les espaces du globe ayant été colonisés par les puissances européennes. En effet à l’époque c’est la littérature européenne qui était exportée jusque dans les colonies; depuis quelques dizaines d’années c’est la littérature de ces colonies devenues pays, qui s’exportent jusqu’en Europe. Cet article va présenter une liste non exhaustive d’oeuvres de la littérature africaine vers lesquelles vous pourriez vous tourner, il a fallu faire des choix et ils se sont fait vers les livres qui ont été lus, soit par moi-même soit par des personnes qui nous ont communiqué leur expérience lors de leur lecture.

N’hésitez pas à ajouter les votre en commentaire.

  1. Tout s’effondre, Chinua Achebe

« J’ai peur pour vous, jeunes gens, parce que vous ne comprenez pas la force des liens familiaux. Vous ne savez pas ce que c’est de parler d’une seule voix. Et le résultat ? Une abominable religion s’est installée parmi vous. Un homme peut désormais quitter son père et ses frères. Il peut insulter les dieux de ses pères et de es ancêtres comme un chien de chasse qui devient fou et se retourne contre son maître. J’ai peur pour vous, j’ai peur pour le clan. »

Chinua Achebe a loupé le Prix Nobel de littérature de près avec cette petite merveille, au profit de Wole Soyinka (autre auteur Nigérian recommandé). Par l’histoire d’une famille et de sa tribu on comprend peu à peu de l’intérieur comment, au Nigéria, l’arrivée de la puissance coloniale anglaise à changé les rapports de force et la culture à la fois politique et religieuse de tout un pays.

  1. Petit Pays, Gael Fayeci        

« Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j’ai compris que je l’étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore. »

Un métis franco-rwandais qui nous mène cette fois-ci vers une histoire on ne peut plus profonde. C’est dans son passé que Gaël Faye plonge avec Petit Pays et raconte à travers les yeux d’un enfant l’évolution de la société qui l’entoure jusqu’au génocide rwandais. Prenant jusqu’aux tripes.

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  1. Une si longue lettre, Mariama Ba

« Pour vaincre la détresse quand elle vous assiège il faut de la volonté,quand on pense que chaque seconde écoulée abrège la vie,on doit profiter intensément de cette seconde,c’est la somme de toutes les secondes perdues ou cueillies qui fait les vies râtées ou réussies. »

Lettre d’une femme sénégalaise à une amie qui lui livre son ressenti lors de l’enterrement de son mari. C’est à la fois une porte ouverte sur des rapports familiaux très éloignés des apports occidentaux, avec une normalisation de la polygamie que nous connaissons peu; mais aussi un concentré féministe qui sait avoir un certain regard critique sur cette pratique qui blesse les femmes. C’est un livre qui est même au programme scolaire des collèges Sénégalais.

  1. L’autre moitié du Soleil, Chimamanda Ngozie Adichie

« C’était comme s’il saupoudrait du piment sur sa plaie : des milliers de Biafrais étaient morts et cet homme voulait savoir s’il y avait du nouveau sur la mort d’un Blanc. Richard écrirait là-dessus, sur cette règle du journalisme occidental : cent Noirs morts égalent un Blanc mort. »

Une famille avec ses problèmes et sa vie quotidienne qui se retrouve peu à peu prise dans la guerre du Biafra, au Nigéria. Tirant son nom du drapeau des indépendantistes biafrais qui représente la moitié d’un soleil, ce roman nous amène dans un côté de l’histoire qui nous est, en tant qu’européen, que rarement conté. Qui plus est , a rédactrice de cet article étant une grande fan, vous conseille de lire toute la bibliographie de l’autrice.

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  1. Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra

 « Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n’aura que l’âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme… »

Younes est encore un jeune garçon lorsque ses parents, trop pauvres, le confient à son oncle pharmacien dans la grande ville d’Oran. Il apprend alors à s’intégrer dans une communauté de pieds noirs : entre amitiés indissolubles et l’amour de sa vie, Younes grandit et devient Jonas. Khadra nous livre, certes, une histoire d’amour passionnelle mais aussi et surtout l’histoire de l’Algérie française : ses déchirements, sa violence et sa complexité alors que celle ci vit ses derniers feux dans une écriture poétique et enivrante.

Ps : Lisez le livre pour comprendre le titre et ne cédez pas à la version cinématographique !

  1. Aya de Yopougon, Marguerite Abouet et Clément Oubreri26026876_947192295430168_127320423_oe

C’est ici une bande-dessinée pour les aficionados d’illustrations. Aya c’est une jeune femme ivoirienne qui vit un quotidien plein de rebondissements à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire. Pleine de couleurs et illustrée avec fidélité, cette BD maniant un langage sans filtre nous immerge dans le français de Côte d’Ivoire et on découvre les origines du mot « go ».

 

J’aimerais terminer cet article sur l’importance pour l’Afrique d’avoir une scène littéraire qui lui est propre. Cette idée tient en fait dans un seul concept, celui de « l’histoire unique ». En effet tout pendant que l’Afrique n’a pas été capable de produire ses propres histoires elle a été dépendante des histoires des autres. La multiplication de ces oeuvres littéraires par des africains n’est pas anodine, elle permet à l’Afrique de prendre une indépendance intellectuelle qu’on ne lui avait pas laissé avoir jusque là. Ainsi lire des oeuvres africaines présente plusieurs intérêts, cela prévient d’un possible ethnocentrisme de notre part et surtout cela donne à l’Afrique le moyen de s’exprimer par elle-même en mettant des mots sur son histoire. Cette idée d’histoire unique est explicitée par l’autrice préférée de la rédactrice de cette article, ici.

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